L’ouvrage d’art est traditionnellement représenté dans un superbe isolement : acte de culture en pleine nature ; geste hardi dans son écrin de montagnes, ou de forêts, ou de flots impétueux…
La réalité commune est très différente : quand les infrastructures n’entaillent pas la ville, c’est la ville qui se rapproche des infrastructures. Certains regards cultivés sauvent les apparences esthétiques de l’ouvrage d’art en naturalisant la ville alentour, en la ravalant au rang d’un désert : “que c’est beau, l’autoroute en surplomb de ces friches !” Mais le regard commun est d’un goût plus juste : “que c’est laid, l’autoroute au dessus de mon quartier !“. Pour que les ouvrages d’art n’apparaissent plus comme des kystes insupportables, ou des plaies ouvertes, il faut les concevoir avec la ville, plutôt que contre elle.